En Corse, le tri n’est pas la solution

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Engagé depuis 4 ans, ce groupe de jeunes s’est donné une mission : CorSeaCare. Chaque été, ils parcourent les côtes corses sur 1000 kilomètres pour démontrer l’ampleur et l’impact de la pollution plastique en Méditerranée et alerter sur l’importance de passer à un autre mode de gestion, et surtout de prévention, des déchets sur l’île. L’association a été soutenue financièrement par le dispositif de primes J’agis pour la nature, de la Fondation Nicolas Hulot.

Engagé depuis 4 ans, ce groupe de jeunes s’est donné une mission : CorSeaCare. Chaque été, ils parcourent les côtes corses sur 1000 kilomètres pour démontrer l’ampleur et l’impact de la pollution plastique en Méditerranée et alerter sur l’importance de passer à un autre mode de gestion, et surtout de prévention, des déchets sur l’île. L’association a été soutenue financièrement par le dispositif de primes J’agis pour la nature, de la Fondation Nicolas Hulot.

 

Les centres d’enfouissement sont saturés. La Corse fait face à une crise des déchets depuis des années, sans débouché durable, qui fait crouler l’île sous des centaines de milliers de tonnes d’ordures dont la collectivité ne sait plus que faire. Alors que la production de déchets résiduels est bien supérieure aux capacités de stockage, les remèdes trouvés ne sont que des rustines et les décideurs et décideuses basent leurs politiques publiques sur le tri, quand tout indique que la seule solution pérenne résiderait dans le fait couper le robinet des déchets à la source.

 

Face à ce constat déjà inquiétant il y a 4 ans, un groupe d’étudiant·e·s d’une vingtaine d’années a décidé d’agir en créant Mare Vivu, une association basée à Pino, au sud de la Corse. Grâce à leur mission CorSeaCare, axée sur la question des déchets et renouvelée chaque année, les jeunes ambitionnent de créer un pôle d’excellence en sciences participatives et environnementales en Corse, et faire rayonner ce savoir-faire outre-mer à travers des projets internationaux. « Nous sommes devenus aujourd’hui une plateforme d’expérimentation d’idées où nous accueillons des étudiant·e·s de tout bord », explique Pierre-Ange Giudicelli, doyen à 28 ans de l’association.

 

La mise en place de cette mission a été méthodique et s’est faite dès le début en lien avec des instituts scientifiques, d’une part pour comprendre au mieux l’impact des déchets sur les milieux marins, et d’autre part pour aider ces mêmes centres à améliorer leurs connaissances grâce à des collectes de données sur différents lieux de prélèvement.

mission corseacare

Crédit photo : MareVivu

Car l’enjeu est maintenant de se défaire de ce discours ambiant qui consiste à dire que la solution au déchet est le recyclage. La vraie solution est de ne pas produire de déchets, tout simplement. C’est ce que cherche à démontrer très concrètement l’association. « Au départ, nous récoltions des déchets, les triions et les envoyions en déchetterie pour qu’ils soient revalorisés », continue le membre de l’association « Mais notre travail avec les instituts scientifiques et les ONG nous a appris que ce plastique, abimé par la mer, les rayons UV et le sable, était quasiment impossible à recycler. » Il était alors important de déterminer l’ampleur du problème.

« Notre but est de nous baser sur des chiffres, qui sont jusqu’ici inconnus. Nous voulons savoir très précisément, via les déchets collectés sur les plages, quel est le taux de recyclabilité de ces déchets », souligne Pierre-Ange. « Si ce taux est bas, c’est une preuve de plus que le tri n’est pas la solution et qu’il est nécessaire de s’orienter vers des politiques de réduction des déchets à la source. »

 

Par ailleurs, l’association s’emploie à faire de la pédagogie auprès de tous les publics, via des conférences, des activités sportives et pédagogiques, des escape-game ou des projections-débats. Notamment, une activité pour les enfants est particulièrement intéressante pour appréhender de manière ludique le sujet. « Une partie des plastiques est désinfectée après nos collecte, et nous organisons des ateliers avec les enfants sur la plage à partir de ces déchets, pour créer par exemple des œuvres d’art », raconte Pierre-Ange. « Et cette année, nous expérimentons même une technique pour revaloriser le plastique sur place. Il s’agit d’un projet de machines low-tech qui nous permettront de recycler les plastiques collectés en mer et sur le littoral, pour participer à trouver une solution à la crise des déchets sauvages. » En parallèle, un autre projet est en cours pour réaliser des missions de collectes de données au large grâce à un voilier : le projet Nacomed. Ainsi, en développant toujours de nouveaux projets et en laissant une large place à l’innovation, l’association s’affiche bientôt comme un acteur incontournable en Corse sur le sujet.

 
video corseacare

 

 

Bravo à cette association soutenue par la Fondation Nicolas Hulot dans le cadre des primes "J'agis pour la nature" !

 

mission corseacare sensibilisation

Crédit photo : MareVivu

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