LA GRANDE BASCULE

En bref
Pièce de théatre participative « LA GRANDE BASCULE » Une création nous sommes vivants avec NICE TOO MEET YOU le 5 juin à 19h au Regard du cygne, Paris 20.
Conseils et avertissements
Extrait. Acte Scène 1.
Dans la grande salle de réunion de BABY BOIS, entreprise des Vosges de jouets en bois pour enfants. Gaelle termine d’installer le public et prend la parole devant l’assemblée réunie dans cette grande salle. Le public est d’un coté, dans les gradins, les directeurs de cette entreprise sont sur scène, en face.
GAELLE : Bonsoir tout le monde. Vous allez bien ? Ça va ? C’est une vraie question, vous pouvez répondre. On peut interagir, c’est autorisé, c’est même pour ça qu’on est ici. Vous allez bien ? Merci d’être venus. Si nombreux. Je sais qu’il y en a parmi vous qui ont hésité à venir. Et c’est normal. Vous auriez pu faire tellement d’autres choses ce soir. Mais pourtant vous êtes tous là. On est tous là. Et c’est essentiel, non ? J’aimerais commencer par vous poser une question, une question toute simple : est-ce que vous avez l’impression que votre voix compte ? Je veux dire : est-ce que vous avez l’impression d’être écoutés ? A table en famille. Au travail ? Tiens parlons en de ce qui se passe à votre bureau ? Avec votre patron ? Vos collègues ? Avec vos clients ? Tiens, j’aimerais, j’aimerais vous proposer quelque chose : levez-vous si vous avez l’impression que votre voix compte. Sauf si vous êtes parton, évidemment. Sauf si vous êtes retraité. Mais on va quand même écouter les étudiants. (Gaelle laisse aux présents et présentes le temps de se lever ou non.) D’accord. Merci.
Merci beaucoup. Oui on nous écoute, de temps en temps. Mais sérieusement avouons le. On dit rarement ce qu’on pense. Et puis aprés tout de quoi est-ce qu’on décide finalement ? Je veux dire ça se confirme, non ? Avec tout ce qui se passe. Dans le monde. Avec les USA, l’Ukraine, maintenant la Chine. L’écologie c’est pas la priorité. De ce qu’ils disent ! Ils ont déjà oublié le COVID, les feux de forêts (même en Californie), les canicules ? Mars a été le mois le plus chaud. C’était il y a 15 jours. C’est jamais le moment ! Le Jour du dépassement de la Terre pour la France tombe cette année 16 jours plus tôt qu’en 2024. C’était il y a quelques jours, le 19 avril 2025 ! C’est quand le bon. moment ?
A chaque fois, c’est la même chose : on regarde les chiffres des ventes dans toutes les réunions, on assiste aux réunions, on s’interroge, parfois on fait semblant, mais tout le monde en parle autour de nous, les ventes. Quand c’est pas les ventes, c’est les dépenses. Maintenant ils coupent dans tous les budgets. Il faut jongler. Faire des hypothèses, gérer les priorités et trouver quoi répondre aux équipes pour ne pas les inquiéter. Parfois on a envie de répondre très vivement parce qu’on a tous nos convictions. Mais on ne veut pas se fâcher avec eux même si ces sujets-là peuvent devenir brûlants. Parce qu’on est comme animés, on sait qu’on a de très bonnes raisons de penser au climat, l’eau, de soutenir la biodiversité et de soutenir l’humanité (et déjà nos équipes) !
L’état dans lequel ça nous met. C’est viscéral, non ? Et puis, une fois en face du mur, on se tait. Et voilà. Et après? On rentre chez nous pas très fiers face à sa famille, ses enfants. Parfois le samedi ses amis. On en parle pas. Chut. On a fait ce qu’on a pu. Ils vont dans le mur. Mais ils ne veulent pas le voir tant qu’ils ne sont pas au pied du mur. Pourtant il faudrait changer de business model maintenant. Plutôt basculer dans l’inconnu que de courir à sa perte quand pour le coup c’est un fait connu. A la perte de tout ce qu’on aime. De nous même. Des autres. De la nature. Il faudrait que ça cesse qu’on revienne à la raison. Qu’on nous écoute parce qu’on a raison. Etre entendu. Que le vivant soit entendu. Si vous avez déjà senti ça, cette déception, rien qu’une fois, dans votre vie, au travail, levez-vous s’il vous plaît. S’il vous plaît, c’est important. Parce que…
Ce qu’on va faire ensemble ce soir, c’est changer le cours des choses. Faire basculer BABY BOIS, entreprise des Vosges de jouets en bois pour enfants. Vous allez tout d’abord écouter leurs échanges sans intervenir. Ils sont sur scène, vous êtes dans les gradins. Puis je vais faire venir sur scène ceux qu’on écoute pas. Non pas vous. Pas tout de suite. D’abord un arbre. Il nous regarde vivre depuis 50 ans avant de tomber pour un jouet d’enfant. Un enfant justement, va leur parler, un enfant qui joue et qui pleure et qui rit. Puis un oiseau perché dans un arbre. Non pas celui qui est tombé. Lui il s’envole au dessus des nuages parce qu’il fait toujours beau au dessus des nuages.
Puis ca sera votre tour de venir sur scène pour intervenir dans cette entreprise Nous réussirons peut être tous ensemble à faire basculer cette entreprise dans un modèle d’affaires régénératif. Tous ensemble grâce à vous. Essayons. C’est important je compte sur vous.
Cette pièce de théatre est une expérimentation.
On y met notre coeur et nos talents de comédiens (vous voyez de quoi on parle ?). Mais l’idée c’est de s’inspirer du théatre forum, du théatre de présence sociale et de la médiation sociale et environnementale pour mettre en place un dispositif d’intervention dans les comités de direction. A leur demande. Oui ce n’est pas perdu. Il reste quelques personnes qui veulent vivre bien sur terre. Passer de la prédation à la régénération. Ils ne savent pas comment s’y prendre, comment mobiliser le collectif. Dans cette intervention plus de comédiens. Juste nous et eux. Nos corps. Nos coeurs. Nous à nu. Face à la nature dont nous faisons partie. Comme quand nous sommes nés sur terre.